Le numérique en Afrique - Savoir Profond

Exposé sur le nouveau paysage du numérique en Afrique

La COVID 19 a profondément accéléré le mouvement des organisations vers le numérique. Après cette grande vague de transformation, Il est important d’analyser le nouvel environnement créé. Surtout, dans une Afrique où l’entrepreneuriat et le digital sont présentés comme les opportunités de développement indéniables. Dans cette perspective, le volume 23 de Africa Pulse se révèle comme un véritable guide. Sur la base des données de ce rapports, trouvez dans cet article les éléments clés de l’écosystème du numérique en Afrique.

Plan de l’exposé

I. Le numérique en Afrique subsaharienne avant la COVID 19
II. Les grandes transformations numériques liées à la COVID 19
III. Le nouvel environnement numérique et les opportunités
IV. Le futur du travail en Afrique

I. Le numérique en Afrique subsaharienne avant la COVID 19

La pandémie de la COVID-19 est événement assez marquant pour distinguer un avant, quand bien même nous ne sommes pas dans son après…

Les entreprises qui adoptaient les technologies numériques produisaient deux fois plus que celles qui ne les adoptaient pas. Et ce en termes de productivité, de production, de bénéfices, d’emploi et de salaires.

En dépit de ce constat en faveur de l’adoption des technologies numériques, sa tendance restait faible.

Seulement 7 % des entreprises informelles des pays d’Afrique subsaharienne interrogées avant la pandémie utilisaient Internet à des fins commerciales.

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

Les obstacles qui favorisent cette faible tendance sont entre autres, le coût élevé d’accès à internet et le manque de compétences nécessaires à l’utilisation de ces technologies. Surtout pour les micro-entreprises qui sont pour la plupart dans un cadre informel.

Cependant, au vu et au su de tous, la pandémie de la COVID a créé en quelques manières, une contraintes à l’adoption et à l’utilisation de ces technologies. Ce qui nous emmène à faire un focus sur les points saillants des transformations apportées à la tendance de l’adoption des technologies numériques.

II. Les grandes transformations numériques liées à la COVID

La pandémie de la COVID 19 a accéléré l’adoption des technologies numériques par les entreprises. Ceci se perçoit au niveau des taux d’adoption, de l’investissement des gouvernements et la mise en application de nouvelles technologies.

1. Evolution des taux d’adoption

Non seulement la pandémie de la COVID a emmené de nouvelles entreprises à adopter des technologies numériques, mais aussi elle a emmené celles qui les avaient adoptées à accentuer leur utilisation. Loin d’indiquer des effets positifs à une pandémie aux conséquences humaines et économiques affreuses, nous soulignons la proactivité nécessaire dans les entreprises (qu’elles soient petites ou grandes) vis-à-vis des nouvelles technologies.

22 % des entreprises de la région ont indiqué qu’elles avaient commencé à utiliser Internet, les médias sociaux et les plates-formes numériques ou en avaient augmenté l’usage

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

2. Investissements des gouvernements

Les exigences sanitaires de la COVID ont amené les gouvernements a accentué les investissements dans les technologies numériques dans l’objectif de maintenir l’activité économique. Notamment avec le travail à distance et l’utilisation de ces technologies dans les services publiques.

À ce jour (Mars 2021), à l’échelle mondiale, les gouvernements nationaux ont affecté plus de 1500 milliards USD aux mesures de réponse numérique.

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

3. L’adoption de nouvelles technologies

Il s’agit principalement de l’utilisation de l’impression 3D, du Big Data, de l’internet des objets, et de la Blockchain.

Le cas particulier de l’impression 3D dans la santé en Afrique subsaharienne est notable, dans une Afrique subsaharienne où l’écart technologique dans le domaine est énorme.

Plus de 50 % des innovations technologiques dans le secteur de la santé ont été des applications
basées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) (57,8 %), 25 % sur
l’impression 3D et environ 10 % sur la robotique.

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

III. Le nouvel environnement numérique

Le nouvel environnement du numérique est marqué par trois constats essentiels :

  • Les entreprises qui adoptent les technologies numériques produisent toujours plus,
  • Les technologies numériques créent de l’emplois plus qu’elles n’en suppriment, mais nécessitent des compétences spécifiques,
  • Les jeunes entrepreneurs adoptent facilement les technologies numériques par rapports aux plus âgés.

1. Correlation entre les technologies numériques et la productivité

Les technologies numériques soutiennent la productivité des entreprises qui les adoptent. Par exemple, l’utilisation des Smartphones et des moyens de paiement électroniques favorisent la croissance des micro entreprises.

Les micro-entreprises utilisant des smartphones ont tendance à afficher une plus grande productivité du travail que celles qui ne disposent pas d’appareils d’accès numérique.

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2. La création d’emplois par les technologies numériques

Lorsqu’elles adoptent de nouvelles technologies (par exemple, de nouvelles machines et équipements ou logiciels), la plupart des entreprises ne suppriment pas de postes (78 %) et plus d’une entreprise sur quatre offre une formation aux travailleurs actuels. Seulement 2 % des entreprises interrogées ont signalé avoir supprimé des emplois, tandis que 3,8 % ont signalé une augmentation du nombre de travailleurs (ayant des compétences similaires) et 6,1 % ont déclaré embaucher des travailleurs plus qualifiés

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

En plus de créer de l’emplois, les technologies numériques améliorent la qualité de ces emplois en termes de salaires. Ceci s’explique par le fait que le numérique crée des opportunité de développement et amène les entreprises qui les adoptent à grandir.

Ce constat correspond aux données selon lesquelles les entreprises dotées de meilleures technologies ont tendance à être plus productives et à avoir des opportunités développement, ce qui entraîne une création d’emplois.

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

3. Adoption des technologies par les jeunes entrepreneurs

Selon ce volume de Africa’s Pulse, les jeunes entrepreneurs adoptent plus les technologies du numériques par rapports aux entrepreneurs plus âgés. Cette donne peut être interprétée de manière différente selon le postulat qu’on a.

De fait, c’est une catastrophe dans la mesure où les entrepreneurs âgés ont un manque d’adaptabilité en dépit de leur expérience (présumée). Mais une bonne nouvelle quand on sait que la population Africaine est en majorité jeune. Alors si la jeunesse intègre le numérique, c’est l’essentiel.

En définitif, cela dénote qu’il y toujours un travail de communication et d’éducation de cette masse qui a une vision étroite de ces technologies.

Les jeunes propriétaires d’entreprise sont plus susceptibles d’utiliser l’argent mobile pour les paiements que les plus âgés : 31 % des entreprises appartenant à de jeunes entrepreneurs et 23 % de celles appartenant à des entrepreneurs âgés utilisent l’argent mobile pour recevoir des paiements.

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

Le futur de l’emploi en Afrique

Enfin, quel est le futur de l’emploi en Afrique au regard de toutes ces données ?

1. Les perspectives

Le futur de l’emploi en Afrique est sans doute un futur dans lequel les technologies numériques s’imposent. Cela pose alors le problème de l’adéquation entre le cadre règlementaire, le système éducatif, les choix d’investissements publics d’une part et d’autre part, les technologies numériques.

Les technologies numériques ont l’avantage de favoriser l’inclusion financière à travers le mobile money, le développement des micro-entreprises à travers l’accès à des clients via internet, et la création d’emplois. Ce rythme doit donc être suivi au niveau étatique et individuel afin que les compétences soient adaptées pour une meilleur exploitation de ces opportunités.

2. Les compétences

La situation actuelle laisse entrevoir un gros déséquilibre entre la recherche de compétences et les compétences disponibles. Notamment dans les domaines du big data, de la robotique et de l’impression 3D.

Ce fait est la résultante de la fuite du manque d’orientation des jeunes au niveau des des programmes STIM (Sciences Technologies Ingénierie Mathématiques). Et pourtant, ces disciplines constituent le présent des technologies numériques.

La mise en œuvre à long terme de ces nouvelles technologies devrait réduire la demande de personnel peu et moyennement qualifié dans les secteurs traditionnels alors que l’innovation devrait augmenter la demande de personnel hautement qualifié dans les nouveaux secteurs d’activité économique

Africa’s Pulse Volume 23 (Mars 2021)

S’il y a donc une urgence en Afrique subsaharienne, c’est la formation. Le système éducatif doit se réinventer afin de s’adapter au fur et à mesure.

Par ailleurs, la compétence entrepreneuriale par l’usage du numérique sera sans doute indispensable, si l’on veut aller vers la création d’emplois suffisants pour absorber la quantité de jeunes selon les prévisions démographiques. Alors il va falloir venir à bout des difficultés de l’entrepreneuriat en Afriques, que nous avons développé dans cet article.