Exposé sur les soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma - Savoir Profond

Exposé sur les soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma

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SOMMAIRE

Introduction
I. La politique dans l’ œuvre
1. Fama, une allégorie
2. Évocation de la politique dans le roman
3. Critiques des détenteurs du pouvoir des indépendances
II. Les abus de la faiblesse du genre féminin
III. La religion dans l’œuvre
Conclusion
Place au lecteur


Introduction

Parue en 1970 aux éditions seuil, les soleils des indépendances est une œuvre sortie du génie littéraire d’Ahmadou Kourouma. Publiée dans la première décennie après les indépendances en Afrique (1970; alors que la plupart des pays africains obtiennent leur indépendance dans le courant des années soixante), cette œuvre s’inscrit pleinement dans le contexte des indépendances en Afrique.

Après une longue nuit de colonisation, les Africains sont libérés du joug colonial. Cependant, la colonisation et même les indépendances ne sont sans conséquences. Et celles-ci ne vont sans faire appelle à la politique en Afrique en cette période. Dans ce contexte, Ahmadou Kourouma entend mettre en exergue les effets de la colonisation, des indépendances, de la réorganisation politique en Afrique.

Mais également, il fait intervenir des thématiques relevant de traditions, se rapportant aux abus de la faiblesse du genre féminin telles que le mariage forcé, l’excision…; Puis de la religion. Ainsi vous sont présentés les grandes lignes de cette étude.

🧾 I. La politique

La politique peut se concevoir relativement à l’organisation et à l’exercice du pouvoir dans une société organisée. Ainsi, elle s’avère capitale quant à la réalisation du développement et de la souveraineté d’un État. À juste titre, Ahmadou Kourouma, écrit les soleils des indépendances avec pour centre d’intérêt la politique.

1. Fama, une allégorie

La clef pour comprendre la dimension politique dans l’œuvre, est de trouver ce que représente réellement Fama. En effet, Fama est le personnage principal dont se sert Kourouma pour parler politique dans ce roman. Au regard de certains aspects et de certains faits (que nous évoquerons dans la suite),  l’on peut concevoir Fama comme la représentation du système politique africain d’avant les indépendances.

Ainsi, il est l’image des rois et chefs qui ont régné en paix et surtout en dignité sur l’Afrique. Nous appuyant sur cette perception, bien des perspectives d’analyse et d’interprétation s’offrent à nous.

2. Évocation de la politique dans le roman

Dans cette œuvre, Ahmadou Kourouma fait intervenir les mutations et les bouleversements politiques qui ont lieu en Afrique après les indépendances. De fait, l’Afrique d’avant la colonisation, nous la connaissons telle qu’exhaltée par Léopold Sédar Senghor dans chants d’ombre (voir ceci pour dans l’étude spacio-temporelle du ce recueil).

Cette beauté, cette convivialité mise en exergue par Senghor, n’est rien d’autre que le fruit d’un système politique stable et fructueux. Car, la paix et le développement de tout État, dépendent de sa stabilité politique. Surtout que les détenteurs de ce système politique avaient pour objectif le bien être social de leur peuple. Cet aspect, Kourouma ne nous en fait pas part, certes, mais il laisse le lecteur apprécier le pathétisme de sa disparition par le biais de Fama.

Effectivement, la chefferie traditionnelle, les royaumes et leur puissant roi défiaient la politique nouvelle qui menaçait, tel que Fama le faisait. Cependant il faut se rendre à l’évidence : la colonisation a démantelé la royauté et la chefferie traditionnelle. Et « les soleils ont tourné avec la colonisation et les indépendances ». Ce qui a conduit à l’affaiblissement de ce système politique face aux « batârdises des indépendances ». C’est pourquoi, il fallait essayer de s’y accrocher et de s’y adapter.

C’est ainsi que notre cher Fama cherchait à se frayer un chemin dans le nouveau contexte politique, afin de faire valoir son autorité de digne héritier Doumbouya. Mais les « bâtardises des indépendances ont légitimité des fils d’esclaves », qui n’ont pas voulu accepter ce fait. C’est alors qu’il faut comprendre que ce combat était perdu d’avance. Et cela, depuis que le colon est entré dans la politique des terres africaines.

Par ricochet, de même que Fama, sans héritier et à cheval entre Togobala et la ville, ne sachant pas où faire valoir sa principauté, de même, sont confuses les autorités traditionnelles par les rayons des « soleils des indépendances ». Alors, pouvons-nous affirmer que ce fut un regret que de vouloir collaborer avec l’administration coloniale ?

Car tout est parti du fait que Fama ne soit pas resté à Togobala. Il a voulu se mettre dans la politique nouvelle qui était un nouveau jeu dont il ne connaissait pas les règles. Autant ne devrait-il pas y jouer. Hélas ! « Il s’est engagé, il a voulu terrasser les soleils des indépendances, il a été vaincu ». Et pourtant, les « soleils des indépendances » lui brillait trop fort sur la tête qu’il fallait qu’il essaie de se démerder.

Ainsi a failli le système politique traditionnel. Cette disparition du dernier Doumbouya, donc de la royauté et de la principauté à Togobala pour tout le Horodougou, est évidemment la disparition de la politique africaine au profit d’une politique occidentale dont les Africains n’y étaient pas éduqués. D’où les bouleversements et les mutations socio-politiques des indépendances. Soit disant, « les bâtardises des indépendances ». Et plus encore, les « soleils des indépendances » ont tout séché, en provoquant une sécheresse qui sèche la gorge de quiconque refuse de se dessécher à travers un soupir de dessèchement dans ses flancs. C’est pourquoi, Fama était bien obligé de regarder d’un œil la politique qui lui a pris son autorité de prince Doumbouya.

3. Critiques des détenteurs du pouvoir des indépendances

Dorénavant, nous assistons à une nouvelle race de gouvernants qui cherchent à dessécher leur gorge. Pour tout le reste, subir la sécheresse est un sort et même si ce n’est pas le cas, c’est au dépend de leur souveraineté, de leur dignité.

En substance, le récit de Diamourou le griot dans l’œuvre est assez évocateur. Sa fille Matali qui a séduit le toubab, peut bien ce concevoir dans une logique allégorique traduisant l’Afrique. D’ailleurs ça description ne correspond-elle pas à la femme noire de Senghor ? De cette manière, nous pouvons comprendre que l’histoire dont parle le griot est bien celle de l’Afrique et de l’Europe. Concrètement, en découvrant l’Afrique dans sa splendeur et sa richesse, l’Europe est séduit. Utilisant la force ou abusant de sa naïveté, le toubab tire d’elle son fruit et quelques produits, symbolisés par les enfants de Matali. Cependant, elle reste à la merci de l’Europe qui la courtise. Plus de dignité à elle dévolue, elle vit à leur dépend. Finalement, elle se retrouve ridicule dans les bras des ridiculisés. Et le comble est que, Diamourou, sans doute à l’image des dirigeants africains, ne trouve aucun mal à cela, car sa poche est garnie. Faut-il vraiment perdre sa souveraineté pour se faire exploitée et bénéficier des miettes de ce qu’on produit soi-même ?

II. Les abus de la faiblesse du genre féminin

Dans la tradition africaine, le genre féminin est d’une faiblesse morale, physique et psychologique comparativement au genre masculin. Aujourd’hui, les actions d’organismes humanitaires, d’organisations ainsi que de particuliers ont contribué à l’émancipation du genre féminin. Mais bien avant, du fait de cette faiblesse, le genre féminin a bien subi des dommages. Et quant il s’agit de montrer les failles de la civilisation africaine sans la colonisation, Ahmadou Kourouma ne se voile pas la face. C’est pourquoi il parle d’excision, de mariage forcé et des violences faites aux femmes.

L’excision, l’on peut la penser disparue. Mais à l’heure où Kourouma écrit, c’est un thème d’actualité. En ce sens, il ne banalise pas ses effets et essaie de les dévoiler a ses lecteurs. Cela, il le fait à travers Salimata dans un récit qui se rapporte aux souvenirs pathétiques de cette dernière. Les conséquences de cette pratique sont directement affichées avec le décès de Nouna et la stérilité de Salimata.

Plus loin, il faut arriver à additionner à l’excision, le mariage forcé tout comme le viol. Et pour provoquer un effet significatif sur le lecteur en vu de sensibiliser, Ahmadou fait abattre, et non sans un temps de soupir, les trois méfaits sur la pauvre Salimata. Ce qui provoque une tragédie dans la vie du personnage, pour une prise de conscience attendue chez le lecteur.

III. La religion dans l’œuvre

La religion est une pratique par laquelle les hommes tentent de se rapprocher de Dieu. Le réalisme de l’œuvre fait qu’elle ne peut s’en passer. Justement, s’inscrivant dans une tradition Malinké, l’œuvre traite de la religion musulmane et de l’animisme. Le Christianisme, quant à lui, est totalement absent.

Ces deux pratiques religieuses dominantes dans l’œuvre expriment en partie le syncrétisme religieux. Car si l’Africain doit accepter de se soumettre à de nouvelles doctrines religieuses, avec des attitudes qui séduisent (le port du boubou, le chapelet, les récitations des versets coraniques…), il  n’oubliera pas de si tôt celles qui lui sont propres.

Ainsi, dans l’œuvre, les cinq prières par jour d’un “bon musulman” ne manquent ; de même que les sacrifices aux mânes et aux aïeux. En ce sens, Kourouma va faire intervenir le vieux Balla, féticheur et Diamourou le griot. Ces deux personnages nous plongent au cœur d’un débat religieux plein de sens. D’un côté, l’abandon de la religion propre aux traditions africaines, d’un autre côté la fidélité à celle-ci et aussi la tentative d’association des deux. En tout cas, le vieux Balla, lui, préfère rester fidèle aux génies qui lui ont assuré une protection jusque là. D’ailleurs, n’est-ce pas lui qui conjure les mauvais sort du village ?

Mais ce qu’il y a de mieux à voir est que malgré ces divergences du point de vue religieux, les deux antagonistes sont demeurés unis, chacun acceptant l’autre avec ses idées et l’appréciant à sa juste valeur pour l’équité dans le village. Cela devait interpellé le monde d’aujourd’hui !

Conclusion

Les soleils des indépendances est une œuvre assez énigmatique. Elle traite surtout de la politique, qui constitue son thème principal. L’étude de celle-ci nous a permis de parvenir à la conclusion selon laquelle les indépendances ont causé d’énormes bouleversements sociopolitiques en Afrique. Ce qui nous emmène à nous interroger sur les impacts réels de la colonisation. Car sans elles, on ne saurait parler d’indépendance.


Place au lecteur

😏 Généralement l’on apprécie positivement la présence européenne en Afrique, en avançant les arguments de développement, d’infrastructures, de civilisation… Cependant, quand on fait recours à l’histoire… Déjà en tenant compte de la prospérité intellectuelle égyptienne au temps des noirs d’Égypte notamment avec Ramsès II et autres, on se rend bien compte qu’ils avaient des potentiels intellectuels incroyables. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle race d’égyptologues dont la vocation est de dissimuler la réalité de la domination des noirs en Egypte.

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